Rav Oury Cherki

Chavouot - fête du don de la Thora

Une lettre aux Noahides

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial



Les Dix Commandements et les Sept Lois

La Thora n’a pas été donnée dans son intégralité au mont Sinaï lors de la fête de Chavouot. En réalité, elle ne cesse de nous être transmise, de génération en génération. Ce que nous avons reçu en ce grand jour sont les dix commandements.

Comme leur nom l’indique, ces commandements sont au nombre de dix. Les dix commandements sont la racine de tous les commandements, qui sont eux au nombre de 613. Il n’aurait pas été surprenant que le nombre de lettres composant les dix commandements soit de 613. Mais il est de 620. Il semble donc que 613 commandements ne suffisent pas et qu’il soit nécessaire d’en ajouter 7 autres. Quels sont ces sept commandements? Bien entendu, il s’agit des 7 Lois de Noé.

Ce que cela vient nous enseigner est énorme: cela signifie que la Thora ne pouvait être donnée à Israël si elle n’avait au moins une branche universelle s’exprimant dans les 7 dernières lettres des dix commandements. Quelles sont les sept dernières lettres? "אשר לרעך" (achèr léréé’ha), signifiant "à ton prochain". Ces lettres nous invitent a la une fraternité universelle.

620 est aussi la valeur numérique du mot כתר (kétèr), couronne. Comme si Dieu, d’une certaine manière, ne portait Sa couronne que lorsqu’ensemble, juifs et enfants de Noé, se joignent à l’écoute de Sa Parole.

 

Se joindre au peuple d’Israël et recevoir la Thora

Dans le récit du don de la Thora (Exode 18-20), nous constatons que la Thora ne pouvait être donnée avant qu’au moins un représentant des nations du monde n’arrive au mont Sinaï. Il s’agit de Jéthro, beau-père de Moïse, venant au nom de toute l’humanité assister à ce grand évènement qu’est le don de la Thora.

Ce n’est pas par hasard que le peuple juif a instauré la lecture du rouleau de Ruth lors de la fête de Chavouot. Ce livre décrit comment une des âmes les plus chères de l’un des peuples les plus éloignés du peuple d’Israël s’est liée au peuple juif.

Dans le midrach, issu de la tradition orale d’Israël, il est raconté que Dieu se serait "promené" parmi les nations pour leur proposer la Thora. Tour à tour, chacune refusa, avant que finalement le peuple d’Israël n’accepte de la recevoir. Le simple fait que les juifs aient écrit une histoire pareille montre à quel point le peuple juif ne cherche pas la préséance. C’est uniquement un fait: le peuple d’Israël a reçu la Thora alors que les autres nations ne l’ont pas reçue.

Mais pourquoi les nations l’auraient-elles refusée? Les dix commandements ne sont-ils pas des règles communes de droiture et de bonté? "Ne tue pas", "ne commets point d’adultère", "ne vole pas" sont toutes des règles de droiture respectées par toute l’humanité, pourquoi les refuser?

Il est évident que, parmi l’humanité, de nombreux individus désiraient recevoir ces commandements. Mais ils étaient une minorité. Une minorité à être non seulement prête à réaliser ces paroles en tant que directives de bonne conduite morale, mais à ce qu’elles soient des commandements ordonnés par la Thora. Cette minorité n’a pas pu s’exprimer en ce temps, c’est pourquoi leurs âmes, tôt ou tard, ont rejoint le peuple juif sous la forme de convertis comme l’a expliqué l’un des plus importants convertis du 18e siècle, le compte polonais Pototski qui était en relation avec le Gaon de Vilna.

Mais rejoindre le peuple juif n’est plus nécessaire! Car grâce à Dieu l’on peut aujourd’hui être noachide et recevoir la Thora, chacun selon ses capacités, selon la manière la plus appropriée au dialogue intérieur avec son âme. Cela transforme la fête du don de la Thora en une fête qui n’est plus particulière au peuple d’Israël, en la fête du monde entier.

Joyeuse fête de Chavouot

Oury Cherki