Rav Oury Cherki

Naso - Les cercles concentriques

Sivan 5783



Nasso occupe une place particulière dans la série des sections du livre de Bamidbar. Les pérégrinations dans le désert sont l'occasion pour le peuple gérer les problèmes de l'individu et de la collectivité. Tout commence dans l'ordre : le dénombrement des enfants d'Israël, puis le désordre des péripéties du désert, et le retour a l'ordre avec le deuxième dénombrement a la sortie du désert. Notre section est consacrée aux problèmes de l'individu. Chaque individu peut être amené à déroger à la normalité dans de nombreux domaines. Il faut établir un critère qui permette de définir le traitement approprié. Dans Nasso le critère du traitement des problèmes est la proximité du sanctuaire. Tout tourne autour de la relation de l'individu a la sainteté. On pourrait s'attendre a ce que la Thora préconise un ressourcement dans la sainteté. Or pour les trois premiers cas c'est juste le contraire. La thora éloigne du campement des enfants d'Israël trois catégories d'individus, à savoir le lépreux, le malade de gonorrhée et celui qui a touché un cadavre. Cela veut dire qu'il est necessaire pour se rétablir de ne pas appréhender directement la sainteté. Le lépreux qui contracte la lèpre par la médisance a besoin de repenser sa relation a la société. Il est éloigné du campement pour méditer dans la solitude. Le malade de gonorrhée reste dans le campement mais n'accède pas à celui des lévites. Sa bassesse biologique ne lui permet pas de vivre au sein d'une société pure. Le contact avec la mort empêche le contact avec la source même de la vie, qui est l'enceinte du tabernacle, mais n'interdit pas la fréquentation du campement des lévites, car les hommes ne sont pas directement responsables de la mort. De la découle un principe pédagogique important : il est parfois necessaire de s'éloigner de la présence de Dieu pour revenir à soi-même.

Les trois autre cas traites dans Nasso impliquent la stratégie inverse : celui qui s'approprie le bien d'autrui par le parjure, a perdu le sens de la sainteté au point d'employer le Nom de Dieu mensongèrement. Il doit donc se rapprocher du lieu saint en amenant un sacrifice. La femme dévoyée est amenée au sanctuaire afin de rétablir la paix dans le couple. La cérémonie dans laquelle le Nom de Dieu est efface pour rétablir l'harmonie du foyer permet de retrouver l'échelle de valeurs que le couple a oublié. Le naziréen exprime une soif mystique de se rapprocher de Dieu a la manière du Grand Prêtre. Son arrivée au sanctuaire lui permet de réintégrer la société du commun des hommes.

La réparation des déficiences se réalise donc en cercles concentriques : le lépreux est le plus éloigne de tous, le gonorrhéen est relégué au camp du peuple, le souillé par un cadavre dans le camp des lévites. Le parjure, le couple et le naziréen sont introduits dans le sanctuaire pour s'alimenter à la source de vie.