Rav Oury Cherki

Chla’h - Bonne intention

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.



La faute des explorateurs est l’un des plus grands désastres qu’ait connu le peuple d’Israël. Cinq malheurs ont frappé nos ancêtres en date du 9 Av, parmi eux : il fut décrété que la génération du désert n’entrerait pas en terre d’Israël. Comment est-il possible que dix grands sages d’Israël, qui même à l’époque de Moïse étaient considérés grands et saints, aient rejeté la terre promise et aient fait fauter le peuple entier ? La faute des explorateurs est aussi exceptionnelle par sa gravité, différente des fautes habituelles qui, elles, proviennent d’un empressement. Lors de la faute du veau d’or, par exemple, la volonté était d’accélérer la venue de la présence divine, et le premier homme voulait manger du fruit avant l’heure. Mais lorsque le moment est venu de goûter du fruit de la terre et que l’homme n’en a pas le désir, lorsqu’une faute vient retarder l’échéance, cela démontre une indifférence, un manque d’appartenance grave.

Le motif de la faute des explorateurs diffère de celui du peuple. Les explorateurs, qui étaient les grands sages d’Israël, étaient motivés par des considérations spirituelles. Ils craignaient que l’implication dans la vie politique n’entraîne le peuple dans une obsession matérielle qui leur ferait oublier le Saint béni soit-Il, et que le peuple ne puisse se relever spirituellement de cette chute. Ils préféraient vivre en exil que d’être confrontés aux difficultés de la terre. C’est leur mérite mais aussi leur défaut, car c’est là un manque de foi.

Deux sortes de dirigeants

Le Zohar dit que les explorateurs savaient qu’en Eretz-Israël Moïse remplacerait les dirigeants des tribus, et qu’ils ont fauté pour conserver leur poste. Ce n’est pas le fruit d’une simple soif de pouvoir que dépeint le Zohar, mais bien une compréhension profonde du fait qu’il existe deux sortes de dirigeants du peuple d’Israël : les dirigeants convenant à l’exil, et ceux qui conviennent à la terre d’Israël. C’est parce que les explorateurs avaient un amour absolu pour le peuple, et qu’ils ressentaient qu’ils étaient les plus appropriés à le diriger, qu’ils craignaient que les nouveaux dirigeants soient moins bons. Ils préféraient pour cette raison prendre une décision provisoire d’enfreindre le commandement du peuplement de la terre d’Israël, pour peu qu’ils continuent de diriger le peuple.

Exception à la règle

Pour convaincre le peuple qu’il valait mieux ne pas entrer en Israël, ils font emploi pour la première fois de l’Histoire de l’argument que « le danger pour la vie repousse la terre d’Israël ». Les guerres peuvent engendrer des victimes, et vu que le danger de mort repousse toute la Thora, ici aussi serait repoussé le commandement de faire la conquête. C’est pour cela qu’ils ont été punis.

La Thora nous raconte qu’un tel argumentaire existe, pour que nous sachions l’affronter au cours de l’Histoire. Josué et Kaleb sont porteurs de la vérité, que la guerre de conquête d’Israël l’emporte sur le danger, bien que leur avis soit minoritaire face à la majorité des grands de leur génération : « Montons, montons-y et prenons-en possession, car certes nous en serons vainqueurs! » (Nomb. 13, 30). Faisant exception à la règle générale de la Thora, la loi va ici selon l’avis minoritaire, déclarant qu’il faut conquérir la terre d’Israël.

Josué et Kaleb aujourd’hui

Lorsque le peuple d’Israël retourne sur sa terre, les forces de Josué et Kaleb sont transmises aux dirigeants. Descendants des tribus d’Ephraïm et Juda, ils sont porteurs des forces messianiques : messie descendant de Joseph et messie fils de David. Ce sont eux qui sauvent l’honneur du peuple et l’honneur de ceux qui étudient la Thora à l’époque messianique.