Rav Oury Cherki
Emor - Le statut de Cohen
Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.
Le premier verset de notre section hebdomadaire, Lév. 21,1 soulève une interrogation. Il y est demandé à Moïse: "Parle aux cohanim (pontifes), fils d'Aaron" mais ce qu'il doit leur dire n'est pas indiqué. Au lieu de cela, le verset poursuit immédiatement par une seconde recommandation: "et dis-leur". Qu'est-ce que cela signifie?
La réponse est qu'il y a ici deux paroles. La première parole prononcée par Moïse aux cohanim est qu'ils sont les fils d'Aaron. Il est nécessaire de leur rappeler que la raison de leur statut particulier provient du fait qu'ils sont les enfants d'Aaron.
Car en tant qu'enfants d'Aaron, ils sont contraints de se comporter avec sainteté, en accord avec la personnalité d'Aaron. Ils sont des nobles fils du premier noble. Leur sainteté provient de leur ascendance, et c'est en cela qu'ils se différencient du reste du peuple. C'est le statut particulier de cohen (prêtre) mis en évidence dans tout le livre du Lévitique, livre de l'Enseignement des prêtres, Torat' Kohanim.
A l'inverse, le livre des Nombres, livre du peuple, met en évidence le fait que Phinéas reçut la kéhouna (sacerdoce) du fait qu'il avait vengé l'Eternel et apporté l'expiation aux Enfants d'Israël (25,13). Son statut lui est accordé du fait du service rendu au peuple d'Israël, et c'est par la force du peuple qu'il devint cohen.
La kéhouna découle donc de deux sources. La première provient d'en haut, détachée du peuple comme dans notre section, la seconde provient du peuple, celle qui apparaît dans la section de Pin'has.
La face élevée et détachée de la kéhouna possède un avantage. Car pour être en mesure d'élever le peuple il faut quelqu'un qui lui soit extérieur. Ce "détachement" des kohanim est indispensable pour élever le commun des mortels. De ce fait, le côté élevé des kohanim est mis en évidence tout au long de notre section: ils ne connaissent les malheurs de la vie, ne sont pas confrontés à la mort ayant l'interdiction d'approcher les défunts, ne s'occupent de subsistance recevant leurs dons, et ne connaissent les crises psychologiques ayant l'interdiction d'épouser une divorcée. A l'extrême se trouve le kohen gadol (grand pontife), qui n'approche même pas les défunts de sa famille, et ne peut épouser de veuve qui, contrairement à la divorcée, a perdu son mari pour des raisons qui ne sont pas d'ordre psychologique.
Le livre des Nombres détaille, quant à lui, la négociation de crises, du désert. Dans ce contexte, Phinéas reçut la kéhouna par sa relation avec le peuple et son soutien. Sa kéhouna provient de la force de tout le peuple dans toute sa diversité. Le corps qui élit Phinéas est constitué unanimement de tous les secteurs du peuple.
Le détachement du peuple engendre un également un détachement de la terre. Lors de l'alliance "entre les morceaux" (Gen.15), Abraham reçoit la promesse que le peuple qui sera étranger et asservi recevra la terre d'Israël. La tribu de Lévi n'a pas été asservie en Égypte, elle n'y a été qu'étrangère. Pour cette raison la tribu de Lévi est entrée en Israël mais n'y a pas reçu d'héritage. Moïse, qui n'a été ni étranger ni esclave en Égypte, habitant le palais de Pharaon et identifié comme égyptien par les filles de Jéthro, n'eut le droit d'entrer en Israël.