Rav Oury Cherki
Vayéchev (Haftara) - Dur dur d’être juif
Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.
« C’est vous seuls que J’ai distingués entre toutes les familles de la terre, c’est pourquoi Je vous demande compte de toutes vos fautes » (Amos 3, 2).
Ce verset de la Haftara de cette semaine nous fait remarquer qu’appartenir au peuple élu n’est pas une position si confortable.
Si nous nous posons la question s’il est avantageux de naître juif, et d’avoir le regard de la Providence guettant chacun de ses actes, la réponse est définitivement qu’il est plus agréable et avantageux de naître comme membre des nations, et vivre sa vie naturellement et confortablement. Le Maharal de Prague (Tiferet Israël ch.1) remarque que les nations du monde se comportent suivant les lois de la nature, alors qu’Israël selon la transcendance, raison pour laquelle la majorité de l’humanité est composée de membres des nations, alors que le peuple d’Israël n’en est qu’une minorité.
On objectera qu’il en est autrement pour ce qui est du monde à venir. Or ce n’est pas le cas. Chaque individu peut parvenir au monde à venir, même sans appartenir au peuple d’Israël, pour autant qu’il le désire et agisse droitement, étant donné que les justes des nations ont part au monde à venir (Maïmonide, lois de Techouva 3, 13). Le non juif qui ne désire pas le monde à venir n’a qu’à ne pas remplir ses obligations. Le juif, quant à lui, ne peut se libérer, car « tout Israël a part au monde à venir » (Sanhédrin ch.10 Michna 1). Le juif ne peut fuir le monde à venir, c’est pourquoi il passera par toutes sortes de souffrances et épreuves dans ce monde et le monde des âmes, métempsychose et autres, jusqu’à ce qu’il parvienne à son objectif nécessaire, la vie éternelle.
Nous comprenons dès lors pourquoi la plupart des âmes ont pris la décision de naître en tant que membres des nations et non en tant que juifs.
Comment ? Aurions-nous décidé de naître ce que nous sommes ? C’est effectivement ce qu’écrit Rachi sur les paroles du Talmud (RH 11a) : « toute la Création a été créée à sa guise » – Il leur demanda s’ils désiraient être créés, et ils répondirent : oui. Le stade de non-retour est atteint relativement tardivement, au stade appelé Yetsira, quarante jours après la fécondation (TB Sanhédrin 91b). La décision préalable d’être ce que nous sommes est appelée, dans les écrits du rav Avraham Isaac Hacohen Kook « la liberté cachée dans les profondeurs de l’être ».
Or il reste à comprendre pourquoi une minorité d’âmes ont tout de même décidé de naître juives. La raison est que ces âmes sont idéalistes, n’agissant que pour Dieu, comme il est dit : « Ce n’est pas pour nous, Eternel, pas pour nous, mais pour faire honneur à Ton nom, […] Pourquoi les peuples diraient-ils: « Où donc est leur Dieu? » » (Psaumes 115, 1-2). Et si vous demandez s’il vaut la peine d’être idéaliste, la réponse est que l’idéaliste ne se pose pas ce genre de questions.