Rav Oury Cherki
Ha'azinou - Le code de Ha'azinou
Publié sur le site du Centre Noachide Mondial.
La paracha de Haazinou que nous lirons ce chabbat est la seule pour laquelle nous possédons une tradition antique quant à sa répartition en sept "montées" (chaque chabbat la paracha est divisée en sept parts, et pour chacune d’entre elles "monte" une personne différente pour la lire). Les initiales des six premières parties forment les mots "Ha.Z.I.V. La.’Kh" (lit. "à Toi la splendeur"). Cette division doit nous enseigner la structure interne essentielle du chant Haazinou, chant servant de fondement à notre compréhension générale de l’Histoire du peuple d’Israël et de la Providence divine sur lui. Voyons cela montée par montée:
"Haazinou etc." (versets 1-6): ces versets mettent en évidence le système de rétribution divine,"l’action selon la justice".
"Ze’hor yemot olam etc." (7-12): ces versets mettent l’accent sur l’essence d’Israël, qui ne dépend pas des actes, mais de son élection par Dieu, même s’il ne le mérite pas: "Car ce peuple est la part du Seigneur" (9).
"Yarkivéhou al bamotei aretz" (13-18): décrivent le rejet de la Loi de l’Eternel, nourri notamment par une confiance excessive en l’élection susmentionnée. La pensée que Dieu est avec nous et ne nous abandonnera pas car Il nous a élu.
Ces trois premières montées représentent ainsi les trois fondements de l’Histoire d’Israël: la justice, l’essence et la révolte.
Les trois montées suivantes décrivent la conséquence nécessaire des trois premières, mais dans un ordre différent:
"Vayar Hashem Vayin’ats etc." (19-28) est la conséquence directe de la gouvernance de justice. Dieu est contraint de punir les fauteurs, une société dépeinte comme insensible à la divinité: "Eux m’ont courroucé par des non-dieux" (21), et non par d’autres dieux comme à l’habitude, qui se préoccupe de vanités "m’ont irrité par leurs vanités" (id.). La solution est d’agir mesure pour mesure: "et moi je les courroucerai par un non-peuple, je les irriterai par une nation indigne" (id.). Un "non-peuple" fait référence à une identité nationale qui n’a pas d’existence propre mise à part l’occupation des espaces vides que nous laissons dans notre identité nationale. C’est une lutte particulière, qui nous oblige à retrouver notre identité originelle.
"Lou ‘ha’hmou yaskilou zot etc." (29-39): la solution au problème. Il faut pour cela élever l’intellect de la génération, comme l’a dit le rav Kook, que la maladie spirituelle de la génération de la Rédemption ne se réglera qu’en renforçant nos compétences spirituelles, afin de satisfaire l’exigence intellectuelle de la génération.
"Ki essa el chamaïm yadi etc." (40-43): la conséquence de l’essence, la vengeance d’Israël par l’Eternel qui venge la vengeance de Son peuple. La vengeance est l’emplissage d’Erets Israël par Son saint troupeau: "et Il remplira Sa terre de Son peuple" (43).
Il s’ensuit que bien que dans la théorie l’essence (l’élection d’Israël) précède le libre-arbitre (à savoir la sainteté dépendant des actions humaines), la Providence intervient et fait précéder le traitement des pêchés et ses conséquences, afin de conclure par l’apparition de l’essence dans toute sa grandeur à la fin des Temps.
Le septième montée (44-52), relatant le commandement de Dieu à Moïse de mourir, souligne la nécessité d’annuler la centralité du dirigeant pour permettre à la direction divine de se dévoiler, dont la royauté domine sur toute chose.