Rav Oury Cherki

Rachbatz a propos la vie des Rabbins

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On connait bien le débat houleux ouvert par Maimonide (Comm. de Avot - & Hilkhot talmoud Thora III, 10) à propos de l’entretien des rabbins et étudiants de la Thora. Sur la base de textes de haute autorité il affirme que recevoir un soutien financier pour l’étude de la Thora est une profanation du Nom de Dieu et que le bénéficiaire est même exclu du monde à venir. L’opinion de Rambam, qui visait essentiellement l’usage répandu par les yéchivoth de Babylonie, était unanimement admise en Espagne, où les rabbins exerçaient un métier profane pour leur subsistance, souvent la médecine. La première remise en question de l’opinion de Rambam se trouve dans un responsa, très détaillé et bien connu, de notre Maitre Rachbatz (Tachbetz I, 142-148), qui autorise les rabbins occupant des postes de responsabilité communautaire à percevoir un salaire. On connait moins souvent le contexte dans lequel cette réplique a été élaborée, et qui est pourtant riche de signification. Le voici, tiré du commentaire de Rachbatz, “Maguen Avot” (II, 7):

“Nous avions appris la médecine car elle garantissait notre subsistance au pays d’Edom (=l’Espagne), mais le péché de notre génération a entrainé des persécutions dans toutes ces contrées et nous avons la vie sauve en abandonnant tous nos biens aux mains des goyim pour échapper à l’apostasie… Si la médecine était suffisante pour vivre dans ce pays (l’Algérie, où les habitants préféraient les remèdes populaires à la médecine scientifique) où nous nous sommes établis nous n’aurions pas cherché cette autorisation.”

C’est donc biens les contraintes de l’époque qui ont amenés nos maitres à autoriser l’entretien des rabbins et non pas le mépris du labeur. Depuis toujours l’autonomie économique a été inculquée comme une des valeurs morales du Judaïsme.