Rav Oury Cherki

Les tribunaux

Transcription de la leçon (pas encore vérifié par le Rav). Publié sur le site du Centre Noachide Mondial



Rôle du tribunal

Le septième et dernier commandement des lois noachides est l'obligation d'avoir des tribunaux, des institutions judiciaires, qui jugent les six autres commandements noachides. A ce propos, la tradition d'Israël se divise en deux Ecoles, celles de Maïmonide et de Nahmanide. Selon Maïmonide, le devoir des tribunaux consiste uniquement à veiller à l'application des six premières lois noachides. Selon Nahmanide, dont l'opinion est généralement admise, le tribunal a des prérogatives beaucoup plus étendues, puisqu'il est responsable de l'ensemble de l'ordre de la société. L'ordre de la société comprend évidemment, parmi tant d'autres choses, la répression de la violence, l'établissement de la justice et l'institution des lois. Mais en réalité cela va beaucoup plus loin. En effet, le tribunal a également la responsabilité spirituelle et morale de la société. Dans un sens très large, le tribunal n'est même pas censé s'occuper de la violence. De fait, si la société devient meilleure et qu'elle cesse d'être violente, le tribunal a toujours un sens. Il est celui qui vient enseigner la morale et même la connaissance de D.ieu et la Parole du Créateur telle qu'elle se manifeste, par exemple, à travers les prophètes d'Israël. L'on pourrait donc dire que le tribunal est une clé maîtresse de l'ouvrage noachide. A tel point qu'une perfection de la société provient d'un tribunal véritablement bien établi et qui comprend son rôle.

 

Exemple de la Bible

Il a été dit ci-dessus, tant que la violence subsiste, la responsabilité du tribunal est de la réprimer. En effet, selon l'enseignement de notre maître Maïmonide, les habitants de Sichem, une ville mentionnée dans la Bible, ont été jugés violemment par les fils de Jacob, Siméon et Lévi, parce qu'ils n'avaient pas jugé leur prince qui s'était rendu coupable de viol envers leur soeur Dina, la fille de Jacob.

Dans l'idée de tribunal responsable de la société se cache une idée beaucoup plus profonde, à savoir que le comportement moral est en soi un jugement. En effet, pour pouvoir juger les autres hommes, il faut d'abord être capable de se juger soi-même. C'est une fois que l'on a acquis la plénitude de la domination de soi, la capacité de diriger ses instincts dans la direction du bien et non dans celle du mal, que l'on peut devenir véritablement juge d'un autre. C'est à partir de là que l'on peut établir l'ordre dans la société.

 

Le tribunal et le Messie

Il y a donc ici tout un programme qui concerne, d'une certaine façon, toute l'Histoire des hommes. Ainsi, nous attendons finalement le Messie pour, entre autres, être celui qui établira la justice véritable - une sorte de tribunal universel. Ce tribunal jugera non seulement les conflits de particuliers à particuliers, mais pourra également juger, et ceci sur le plan moral et non seulement du point de vue du droit international, les conflits de nation à nation. Cela jusqu'au jour où s'accomplira la parole du prophète Isaïe qui nous dit qu' "un peuple ne tirera plus l'épée contre un autre peuple, et on n'apprendra plus l'art des combats".