Rav Oury Cherki

Chavouot - fête des prémices

Une lettre aux Noahides

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial



Chalom,

La fête de Chavouot est la fête du don de la Thora. Un fait intéressant est que cette fête n’est pas indiquée dans la Thora écrite comme étant celle du don de la Thora. De plus, sa date exacte non plus n’est pas donnée.

L’explication de ce second point est simple: la Thora est au-delà du temps, raison pour laquelle elle ne peut être fixée dans le temps. Ce qui est néanmoins mentionné est le temps nécessaire pour arriver au don de la Thora, à savoir les 49 jours du compte de l’Omer. Mais le cinquantième jour est au-delà du temps' raison pour laquelle il n’est ni compté, ni indiqué dans la Thora.

Si dans la Thora ce motif de la fête de Chavouot n’est pas indiqué, c’est le terme de fête des "prémices" qui est signalé. C’est le jour où sont apportés au Temple les prémices de la récolte. Lorsqu’une personne aperçoit dans son verger le premier fruit, grenade, date, raisin ou figue, sortant de la terre après tout le labeur d’une année agricole, il le cueille et l’amène dans la joie au Temple de Jérusalem pour qu’il y soit mangé par le Cohen comme s’il s’agissait d’un sacrifice sur l’autel.

 

Etre premier c’est être deuxième

L’enseignement est de taille: après une année entière de travail assidu, il est évident que le propriétaire ne désire qu’une chose, goûter enfin au premier fruit de sa récolte. Or c’est précisément ce fruit qui sera offert à son prochain. Cet enseignement recèle peut-être le secret du don de la Thora. A qui la Thora est-elle donnée? Justement à celui qui est capable d’amener les prémices au Temple, celui qui est capable de voir l’autre, son prochain, comme l’essentiel. Si je suis capable de me voir comme le second et non comme le premier, alors il va de soi que je comprends que le premier fruit de mon champ n’est pas à moi. C’est cela la capacité d’être l’aîné, le premier de sa famille.

Admirons la magie de la langue hébraïque: le mot aîné en hébreu, בְּכֹר (bé’hor), est composé de trois lettres, ב.כ.ר. Ces trois lettres sont respectivement la deuxième lettre (par conséquent aussi deuxième des unités), la deuxième des dizaines (la onzième de l’alphabet) et la deuxième des centaines (20e de l’alphabet). L’enseignement est évident: celui qui se voit comme second mérite d’être le véritable aîné. Le peuple d’Israël se voit comme second, c’est pourquoi c’est l’aîné de l’humanité. Il est au service de l’humanité. C’est pourquoi aussi il mérite d’avoir reçu la Thora.

 

Louer le Créateur à la manière du roi David

La fête des prémices, en plus d’être la fête du don de la Thora, est aussi le jour où, selon la tradition, est né et est décédé le roi David. C’est donc tout naturellement le jour où nous évoquons le caractère particulier du roi David. Or, le roi David est celui qui a composé "le second livre", par opposition au "premier livre", le livre des Psaumes.

Car le livre des Psaumes, à l’instar de la Thora, est lui aussi composé de cinq parties. Selon notre tradition liturgique, cela évoque les cinq livres de la Bible (le "premier livre"). La différence entre eux est que les cinq livres de la Thora sont la Parole de Dieu adressée à l’homme, de haut en bas, alors que le livre des Psaumes est la réponse de l’homme à Dieu, de bas en haut.

 

Lorsque l’homme est en mesure de recevoir les paroles de la Thora, il est aussi en mesure de s’éveiller. C’est cela l’épreuve. Il s’agit d’être capable de répondre à la réception des cinq livres de la Thora par des louanges au Créateur, les cinq livres des Psaumes.

C’est précisément le don de la Thora, la capacité d’écoute et de réception de la Parole de Dieu des hauteurs, qui nous donne la légitimité nous adresser à Dieu à travers nos prières et nos louanges. C’est d’une certaine manière le point de départ de notre service religieux et de celui de tous les hommes sur terre qui commence par l’instruction du roi David le jour de la fête de Chavouot.

Joyeuse fête de Chavouot au monde entier

Oury Cherki