Rav Oury Cherki

Pourim - Méguilat' Esther - Clôture de la Bible

Une lettre aux Noahides

Publié sur le site du Centre Noachide Mondial



Le récit de Pourim est raconté dans la Méguilat Esther (rouleau d’Esther). Ce livre est, chronologiquement, le dernier de l’histoire à avoir été inséré dans la Bible (Thora, Prophètes et Hagiographes), c’est par lui que la Bible a été scellée.

Pourquoi la Bible a-t-elle été clôturée précisément à cette époque? La raison est que la Bible relate un temps où la Divinité se dévoilait dans le monde, où les prophètes parlaient. Mais la Bible ne pouvait se terminer sans un livre qui nous préparerait à un monde où Dieu ne se dévoile pas directement. Il fallait un livre qui nous enseigne que le Maître du Monde poursuit Sa providence même lorsqu’Il ne se dévoile pas, même lorsque nous ne Le voyons pas.

L’histoire d’Esther a sa place dans la Bible précisément du fait que le nom de Dieu n’y apparaît pas une seule fois. Tout le récit de la Méguila est une histoire de voilement. La Méguila ressemble à une pièce de théâtre où chaque personnage joue un rôle, alors que sa réelle identité est masquée. Le rôle principal est celui d’Esther elle-même: "Esther n'avait fait connaître ni son peuple, ni son origine, Mardochée lui ayant recommandé de n'en rien faire" (Esther 2,10).

Les juifs marranes en Espagne s’identifiaient particulièrement avec la personnalité d’Esther, en tant que juive contrainte de cacher son identité. C’est pour cette raison que le jeûne d’Esther a pris une place si prépondérante parmi les juifs nord-africains descendants des exilés d’Espagne.

Le théâtre juif tire aussi ses racines de l’histoire de Pourim, la première à avoir été mise en scène. L’histoire d’un monde où il n’y a plus de dévoilement, d’un monde masqué.

Cette même idée est exprimée par la belle habitude, principalement chez les enfants, de se déguiser à l’occasion de la fête de Pourim. Cette habitude existe également chez les nations, mais à la différence que les juifs accordent une attention particulière à ce que cela soit fait dans le respect de la sainteté et de la pureté, en évitant que cela ne se dégrade en débauche ou n’amène à la faute, qu’à Dieu ne plaise. L’habitude de se déguiser n’est pas due au hasard. Le déguisement en hébreu signifie aussi la recherche de soi. Derrière son masque, l’individu se recherche.

Qu’est-ce qui nous a sauvé lors des évènements de Pourim? Le fait que nous ayons réussi à nous opposer aux plans d’Aman qui dit: "Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations" (Id. 3,8). Il affirmait que du fait que le peuple d’Israël était disséminé et répandu, il n’aurait pas la force de s’opposer à lui. Mais il oublia qu’il avait aussi dit qu’"Il est une nation", qu’intérieurement ce peuple est uni malgré la dispersion de façade.

Le peuple d’Israël a su, dans son exil, fonder le secret de sa survie – la vie de communauté. Ce secret, nous le recommandons également à nos amis "Enfants de Noé" du monde entier. Organisez-vous en communautés. La communauté apporte une puissance, elle donne de la force aux individus, leur permettant de faire face aux influences extérieures.

Notre lutte face aux affirmations de dispersion est exprimée lors de la fête de Pourim par le don de mets à notre prochains (michloa'h manot’) et par les dons aux pauvres (matanot laévyonim). Nous renforçons la solidarité, renforçons l’amour de chacun envers son prochain, nous donnant ainsi la possibilité de surmonter les épreuves.

La halakha (loi juive) fixe de plus qu’à Pourim l’on doit donner à chaque personne qui tend la main. Dieu aussi, dont l’on n’oserait mettre en doute qu’Il "respecte aussi les commandements", donne à chaque personne à Pourim ce qu’elle demande, respectant ainsi le commandement de "dons aux pauvres".

Si la fête de Pourim est l’occasion de renforcer la fraternité qui nous unit, c’est également l’occasion de transmettre à Dieu les demandes que nous n’avons pas l’habitude de lui soumettre le reste de l’année, nos demandes spéciales. Car en ce jour nous sortons des limites. Nous exprimons notre joie presque sans restrictions, une joie qui se propage partout, chose presque impossible à atteindre dans ce monde.

Certes, ce monde est la scène de nombreux malheurs, mais nous savons que derrière chaque malheur se cache et se forme le monde à venir, duquel nous pouvons goûter un aperçu lors de la fête de Pourim à l’aide des festins, de la consommation de vin, de la lecture de la Méguila, des dons à nos proches et aux pauvres.

Joyeuse fête de Pourim,

Oury Cherki